POUR CONCLURE (5)
Jeune et moins jeune, jouis de la vie (11. 7-10) *
L’Ecclésiaste a plusieurs fois répété dans son livre que notre vie "sous le soleil" était dominée par la vanité. Cependant, ici comme ailleurs, il insiste pour que nous cherchions à profiter et apprécier les jours agréables qui nous sont donnés : c’est la volonté de Dieu pour nous.
Après avoir décrit la bonne attitude à adopter pour celui qui pense vivre longtemps, l’Ecclésiaste s’attarde sur la jeunesse. Aux uns et aux autres, il recommande de vivre l’instant présent. En effet, si le jeune a tendance à vouloir se projeter dans l’avenir (les enfants souhaitent souvent "devenir plus grands" parce qu’ils pensent que ce sera mieux), le vieillard, quant à lui, se met à regretter son passé, comme si tout y était meilleur et plus facile.
L’Ecclésiaste, lui, nous invite à apprécier chacune de nos journées, quel que soit notre âge et notre condition : voilà une marque de sagesse.
Aux jeunes, l’Ecclésiaste recommande de "mordre la vie à belles dents", de profiter de leur jeunesse, de goûter à toutes les joies qui s’offrent à eux tout en étant conscients des jours plus difficiles (et de la fin) qui ne manqueront pas d’arriver, tôt ou tard. Il ne s’agit pas pour autant de foncer tête baissée dans n’importe quel plaisir possible car Dieu jugera toutes nos actions (verset 9). Il y a des plaisirs qui sont purs, il y en a d’autres qui salissent. Le jeune homme est invité à chercher la vraie joie ; elle est toujours en accord avec Dieu.
Bien loin d’être un trouble-fête, Dieu veut être celui qui donne sens et profondeur à tous nos moments de bonheur. L’attitude de Jésus à Cana (Jean 2) en est une belle illustration.
Souviens-toi de ton Créateur (12.1-10)
"Se souvenir" dans la Bible, n’est pas seulement "ne pas oublier", c’est aussi "tenir compte" (cp. 1. Samuel 1.19). C’est en quelque sorte un appel à la consécration joyeuse à Dieu aussi tôt que possible que l’Ecclésiaste nous lance. Nous n’aurons pas ainsi à regretter au soir de la vie de ne pas l’avoir fait plus tôt et d’avoir ainsi perdu un temps aussi précieux qu’irrécupérable. L’homme ne doit pas seulement regarder à son bien-être mais aussi à son Créateur.
Ce texte est un des plus beaux joyaux littéraires de l’humanité avec des images jamais égalées pour décrire le lent processus du vieillissement et de déclin de notre corps. Les métaphores employées peuvent s’entendre de plusieurs manières, toutes bien suggestives. On voit généralement dans les gardiens de la maison, les bras (qui tremblent de plus en plus). Les hommes vaillants semblent désigner les jambes (qui plient désormais sous l’effort), celles qui doivent moudre sont les dents (de moins en moins nombreuses), ceux qui regardent par la fenêtre sont les yeux (qui voient moins en moins bien) ...
* Certaines éditions de la Bible n’ont que 8 versets pour le chapitre 11 parce qu’elles font débuter le chapitre 12 plus tôt (d’où un décalage de 2 versets).
L’image est interrompue pour un temps au verset 5 : la personne âgée craint ce qui est élevé et redoute les voyages, le moindre poids devient un fardeau insupportable. L’amandier qui fleurit décrit la chevelure grisonnante, puis argentée. La câpre (ou les épices ?) qui n’a plus d’effet semble se référer à la perte d’appétit.
La raison de cette lente et difficile dégradation nous est donnée à la fin du verset 5 : "l’homme s’en va vers sa demeure d’éternité". Le processus et l’issue sont irréversibles ; la tristesse humaine (signifiée par les pleureuses) ne fait qu’ajouter à l’impuissance de l’homme devant sa fin.
L’acte final de la mort est décrit poétiquement par quatre expressions qu’on peut regrouper en deux paires : le globe en or qui se brise et le cordon d’argent qui se détache (l’image illustre la valeur de la vie et le drame de la fin d’une existence dont les morceaux ne pourront plus jamais être réunis). La seconde paire (le seau qui se rompt et la roue qui se casse dans la citerne) évoque la dégradation irrémédiable du système.
Vient ensuite la description plus "théologique" de la mort : le corps humain retourne à la poussière d’où il a été tiré (cp. Genèse 3.19) et son esprit (en hébreu : souffle et esprit sont un même mot) retourne à Dieu qui l’a donné (Genèse 2.7).
Epilogue (12. 9-14)
Cet épilogue n’a pas seulement valeur d’éloge du livre et de son auteur (versets 9 et 10). Il indique aussi (verset 11) le but poursuivi par l’Ecclésiaste : nous stimuler à la réflexion et à vivre en tenant compte de Dieu (l’image de l’aiguillon qui sert à faire avancer les boeufs) et nous ancrer solidement dans une voie droite et stable (l’image du clou, ou plutôt du pieu, avec lequel on maintenait la tente bien solidement).
Il rappelle que même si l’Ecclésiaste a beaucoup réfléchi pour nous apporter ce livre, c’est sous l’inspiration de Dieu qu’il l’a écrit (verset 11).
L’avertissement à ne rien ajouter (verset 12) est comparable à celui qu’on trouve à la fin d’autres livres bibliques (notamment Apocalypse 22.18).
Il termine finalement en résumant le message essentiel du livre : "Crains Dieu et observe ses commandements ... (cp. 3.14 ; 7.18 cp. II Corinthiens 7.1) car Dieu fera venir toute oeuvre en jugement au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal".
La crainte du Seigneur, n’est-elle pas le commencement de la sagesse ? (Proverbes 9.10)
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A la lumière des textes suivants (2.14,21 ; 7.12,19,23 ; 8.1 ; 9.15,16 ; 10.10 , pourriez-vous donner votre définition de la sagesse ?
Qu’est-ce que cette sagesse nous apporte ?