L’ECCLESIASTE (2)
Où trouver le bonheur ? (1.1 - 2.23)
Les différents plans du livre de l’Ecclésiaste que les auteurs modernes ont présentés ont bien de la peine à se ressembler. C’est que, même si l’Ecclésiaste suit une certaine progression, il ne le fait pas à la manière occidentale.
Plutôt donc que de forcer la pensée de l’auteur en essayant de l’enfermer dans un schéma qui lui était étranger, nous allons suivre sa pensée au fur et à mesure de son texte.
L’ECHEC DE LA VIE SANS DIEU (1.2-11)
En face d’un mur sale, le peintre doit commencer par le décaper s’il veut que sa peinture puisse tenir. C’est ainsi que fait l’Ecclésiaste : il débute son discours (et le poursuit) en enlevant méthodiquement toutes les fausses sécurités, toutes les solutions trompeuses que les hommes se donnent pour trouver sens à leur vie et atteindre le bonheur.
"Vanité des vanités, tout est vanité". Le terme rendu par "vanité" désigne en hébreu ce qui est futile, vain, passager, telle une buée. La vie de l’homme est décrite de cette manière, notamment en Job 7.7-16. L’expression entière dans l’Ecclésiaste pourrait être rendue en français pas le superlatif : "la plus grande des vanités".
L’auteur va ainsi directement au but puisqu’il commence par ce qui sera sa conclusion (12.8). En fait, c’est la confiance du lecteur qui vit sa vie sans Dieu qu’il veut ébranler. Il dira bientôt pourquoi et comment il est arrivé à cette déduction.
N.B. il y a plusieurs manières d’être athée : on peut l’être de façon philosophique ou théorique (en prétendant : "Dieu n’existe pas") ou de façon pratique (en se disant : "Qu’importe que Dieu existe : il ne s’occupe pas de nous et nous n’avons pas à nous soucier de lui"). Dans le vécu, cela revient au même. Il semble que ce soit d’ailleurs cette deuxième attitude que l’Ecclésiaste a en vue (cp. l’indifférence, le matérialisme et la superficialité de nos contemporains "croyants mais pas pratiquants").
Le thème de la vanité de la vie (et de toute la création) a été repris par Paul (Romains 8.20-22) qui ajoute que :
1. elle est la conséquence du péché de l’homme qui a introduit la mort dans le monde
2. qu’elle aura une fin (v.23) grâce à l’intervention de Jésus-Christ venu nous racheter de la malédiction par sa mort et sa résurrection. Le chrétien attend autre chose que la mort !
Sous le regard de Dieu, la création est chant de louange pour le Créateur (Psaumes 8 ; 19 et bien d’autres). Si vous éliminez Dieu, la création devient l’image de la lassitude humaine.
"Il n’y a rien de nouveau sous le soleil" (v.9). C’est de nouveau à partir d’une vision "sans Dieu" que l’Ecclésiaste affirme une telle chose. "Sous le soleil", cette affirmation est pleinement vraie et elle invite à réfléchir.
Le croyant sait, quant à lui, que Dieu est souverain, y compris sur l’histoire des hommes. Le salut offert par Jésus-Christ, les nouveaux cieux et la nouvelle terre ... sont des réalités nouvelles que Dieu a introduites dans notre histoire.
L’ECHEC DE LA SAGESSE SANS DIEU (1.12-18)
Salomon est le roi d’Israël qui a donné à son peuple le rayonnement le plus grand. Il avait reçu de Dieu le don de la sagesse (cf. I Rois 3 ; 5) et on venait de très loin pour entendre sa sagesse (cf I Rois 10). C’est donc en connaissance de cause qu’il peut en parler.
Ici, son propos est de dire que si la sagesse a de la valeur, elle est néanmoins incapable de résoudre le problème de la vie. Il dénonce la sagesse sans Dieu, avec sa folle prétention à donner une réponse à tout :
Trois points forts dans son argumentation :
- même si c’est pénible de réfléchir sur le sens de la vie, cela fait partie de notre condition humaine (v.12)
- l’humanité est nécessairement frustrée (v.14)
- il y aura toujours des problèmes sur lesquels l’homme n’a aucun pouvoir (v.15)
L’ECHEC DES PLAISIRS (2.1-11)
L’Ecclésiaste montre maintenant que la recherche des plaisirs est incapable d’étancher la soif spirituelle de l’homme. Dans ce domaine également, Salomon pouvait prétendre à une expérience crédible. Il savait de quoi il parlait et l’Ecclésiaste ne nous prive pas des détails (le vin, le travail, les grandes réalisations, le statut social, le train de vie, le sexe, la richesse, la puissance ...).
Avec le recul, il est obligé de constater que tout ceci non plus, n’a pas rempli son coeur comme il l’espérait.
LA CERTITUDE DERNIERE (2.12-23)
La perspective de la mort "la grande niveleuse" apparaît maintenant. Non seulement, nos efforts apparaissent comme inutiles car ils ne seront pas suivis comme il se doit. En effet, il n’y a pas de continuité durable dans ce domaine (où sont les sept merveilles du monde ?). En plus, la vie apparaît même comme cruelle et injuste.
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A méditer
Quand on quitte le domaine du "sous le soleil" parce que Dieu entre dans notre vie, la vanité de l’existence fait place à la joie et à la satisfaction profonde.
Qu’est-ce qui change entre le message de l’Ecclésiaste et un verset comme I Corinthiens 15.58 ?
NOTES
Le décapage fait toujours mal ; mais il est absolument nécessaire. Celui qui veut s’en passer finira toujours par s’en mordre les doigts. L’illusion ne dure qu’un instant.
Idem pour la conversion à Jésus-Christ. On ne reçoit bien Jésus dans sa vie que lorsqu’on s’est débarrassé de toutes ses impuretés. (image de la bouteille sale qui ne peut accueillir du lait qu’à condition d’avoir été auparavant vidée et nettoyée de ses impuretés).