L’ECCLESIASTE
(1) INTRODUCTION
L’Ecclésiaste est un livre qui n’a pas vraiment d’équivalent dans la Bible. Par plusieurs de ses aspects, il est unique, même s’il s’inscrit parfaitement dans la cohérence de la rélévation divine.
Il fait partie de la section des "Ecrits" (la première section de la Bible hébraïque étant la Thora et la seconde les Prophètes) à côté des livres des Psaumes, des Proverbes, du Cantique des Cantiques, de Job ... mais il s’en distingue par son caractère unique de "sagesse pessimiste". Un tel genre littéraire existait cependant déjà ailleurs dans l’orient ancien (Egypte, Babylone, Grèce, Perse ...).
L’auteur
Des points de vue contradictoires ont été émis quant à son auteur et à sa date de composition. Pour les uns, il s’agit nécessairement du roi Salomon, fils de David. Pour d’autres, il s’agirait d’un livre nettement postérieur. Nous observerons quant à nous, que beaucoup d’éléments dans le texte lui-même évoquent ce grand roi d’Israël qui a porté son peuple à l’apogée de sa puissance (cp. 1.1,12) mais il faut remarquer en même temps que Salomon n’est pas nommé en tant que tel par le livre et que l’auteur parle tantôt à la première personne ("je" : 1.12 et beaucoup d’autres) tantôt à la troisième personne, ("il" 1.1,2 ; 7.27 ; 8.14) comme s’il évoquait la sagesse d’un autre que lui (Salomon) auquel il fait référence et dont il est le disciple. Ce serait ainsi la sagesse de Salomon qu’il retransmet fidèlement.
La question d’auteur est moins importante qu’il n’y paraît lorsqu’on reconnaît la portée résolument universelle du livre ... et que c’est Dieu qui en est l’auteur réel, utilisant la sagesse et la réflexion d’un de ses enfants.
D’où vient le mot "Ecclésiaste"
Le terme est unique dans la Bible et n’a pas d’équivalent exact dans la littérature juive. Il est la traduction, via le grec, de l’hébreu "Qahal" (ce qui explique la transcription pure et simple opérée par certaines versions qui "traduisent" par le mot "Qohelet"). Ce mot hébreu évoque le rassemblement ou le regroupement. Il est donc probable que Qohelet soit un nom qui signifie "celui qui réunit une assemblée pour lui parler". Certaines versions ont aussi traduit "le Maître".
L’objectif de l’Ecclésiaste
L’énigme qui entoure l’Ecclésiaste ne vient pas seulement de son nom. Une lecture rapide du livre nous amène à constater bon nombre de contradictions internes apparentes et des prises de position changeantes.
Certains en ont conclu bien vite à une pluralité d’auteurs qui se seraient relus et corrigés successivement. Il nous semble préférable de constater que l’Ecclésiaste, prend tour à tour deux regards différents dans son livre. Le premier est celui de "Monsieur tout le monde" qui réfléchit et constate lucidement la réalité des choses "sous le soleil" (vision déstabilisante mais réaliste de l’existence). Le second est celui du croyant qui sait que Dieu donne sens à la vie de celui qui tient compte de lui(vision de foi).
La clé de l’interprétation du livre est ainsi de voir que l’auteur se met à la portée de son lecteur potentiel pour l’amener à réfléchir sur le (non) sens de sa vie et du monde en général, afin de l’amener ensuite à Dieu.
Il est significatif que l’Ecclésiaste n’utilise jamais dans son livre le nom propre de Dieu ("Jahweh" le Nom d’alliance de Dieu avec son peuple), et que la mention d’Israël est réduite au minimum (1.12). Idem pour "la loi" de Dieu(12.13).
Avant l’apôtre Paul, lorsque celui-ci s’adressera au monde païen de son époque (Actes 17), l’Ecclésiaste part des réalités humaines directement observables par tout le monde pour conduire progressivement notre réflexion vers Dieu.
Le livre de l’Ecclésiaste est ainsi un excellent outil à utiliser pour l’évangélisation, afin d’amener les gens à prendre conscience de la futilité de leur vie si celle-ci n’est pas ancrée en Dieu.
Bien entendu, ce livre unique appelle et prépare le message de l’Evangile, qui est indispensable pour connaître Dieu personnellement.
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SUGGESTION POUR MIEUX PROFITER DE L’ETUDE
Lire le livre de l’Ecclésiaste en entier en repérant les mots et expressions clés qu’il utilise le plus couramment : "vanité" (34 fois), "sous le soleil" (30 fois) Dieu (38 fois) et aussi "coeur" (30 fois) et "sage" ou "sagesse" (une cinquantaine de fois).
Il est étonnant de repérer les sections ou les deux premiers mots sont les plus employés (vanité et sous le soleil) et celles où "Dieu" apparaît le plus souvent.
Vous pourrez mieux l’observer en soulignant ces mots avec des crayons de couleur différente.