Marie
Jean 11 : 1-44
Luc 10 : 38-42
Matt. 26 : 6-13 ; Marc 14 : 3-9 ; Jean 12 : 1-8
INTRODUCTION
Marie de Béthanie, nous est montrée comme étant par trois fois aux pieds de Jésus dans les évangiles. Béthanie est le lieu que Jésus aimait et il était attaché à ses trois amis, Marthe, Marie et Lazare.
Trois exemples d’attitudes de prière pour chacun de nous
I. MARIE PLEURE (Jean 11 : 1-44)
Lazare étant malade, ses sœurs ne disent pas au Seigneur de venir), mais lui exposent leur besoin. Dans sa parfaite dépen-dance, le Seigneur attend la direction de son Père.
Dans cette attente, Lazare meurt du sommeil qui suppose le réveil (Ps. 71 : 20).
La mort de Lazare poursuit quatre buts :
- que les disciples croient,
- que les sœurs expérimentent la sympathie du Seigneur,
- qu’elles connaissent aussi sa puissance,
- que Dieu soit glorifié.
Tels sont les motifs de l’attente du Seigneur - ce que nous ne comprenons pas toujours, dans le chemin de l’épreuve.
Les disciples ne pensent ni à la sagesse du Seigneur, ni à la peine des sœurs (v. 16). Selon un raisonnement humain, ils pensent que le Seigneur aurait pu éviter cette épreuve, ce deuil (v. 21) - voir les « pourquoi » de Job.
Marie attend, assise, ne manifestant ni excitation, ni impa-tience. Marthe ignore la puissance du Seigneur et ne connaît que la résurrection du dernier jour, et non la résurrection d’entre les morts. Marthe se sent dépassée, recourt à Marie que le Seigneur n’avait pas appelée (v. 28). Marie ne va pas au sépulcre ; elle tombe aux pieds du Seigneur et elle pleure (forme de prière innommable).
Le Seigneur frémit dans son esprit, se trouble, comme aux chapitres 12 et 13, mais pour d’autres motifs. Ici, Il est placé devant les conséquences du péché, la mort et la corruption. « Jésus pleura » (v. 35) ; ce très court verset traduit la parfaite sympathie de Jésus. Le stoïcisme devant la souffrance n’est pas requis, ni normal. Il ne nous est pas demandé de ne pas pleurer, mais Lui pleure avec Marthe et Marie alors qu’il con-naît l’issue de l’histoire…
II. MARIE ECOUTE (Luc 10 : 38-42)
Si précieux et indispensable que soit l’enseignement reçu en assemblée, la croissance spirituelle s’acquiert principalement dans le « seul à seul » avec le Seigneur, en sondant les Ecri-tures, dans la prière et sous la direction du Saint Esprit qui ouvre l’intelligence purifiée.
Marthe était occupée à donner (ce qui est très bon), alors que Marie éprouve premièrement le besoin de recevoir (ce qui est excellent, prioritaire).
Marthe, hospitalière et dévouée, est fatiguée, irritée en consta-tant l’attitude « contemplative » de sa sœur qui, selon son ap-préciation erronée, est inactive. On ne peut pas dire que Marthe exerce l’hospitalité sans murmure (1 Pier. 4 : 9). Igno-rante même quant à la dignité du Seigneur, elle Lui fait ses reproches et non à sa sœur. En lui disant : « Ne te soucies-tu pas que ma sœur m’ait laissée toute seule à servir ? Dis-lui donc de m’aider », elle accuse directement le Seigneur d’un manque de discernement, de clairvoyance. Mais l’attitude de Marthe ne fait l’objet d’aucune répréhension de la part du Seigneur ; Il l’enseigne. Le Seigneur apprécie les soins, les convenances (voir, en contraste, les reproches qu’Il fait à Si-mon en Luc 7 : 44) ; mais il y a des priorités, dont celle de L’écouter. La prière est aussi l’écoute attentive de Jésus
Marie est « assise aux pieds de Jésus » (v. 39). Où sommes-nous assis, installés ? Pensons à Lot, à Josaphat, à Pierre, ou au contraire à Ruth, à la Sunamite, ou à l’homme qui ne s’assied pas au siège des moqueurs (Ps. 1 : 1).
« Tu te tourmentes de beaucoup de choses » (v. 41). N’est-ce pas souvent notre cas. Beaucoup de choses envahissent nos vies (Matt. 13 : 7). Un bon choix est à faire, comme Marie (v. 42b) !
« Il n’est besoin que d’une seule (chose) » (v. 42a). « Une chose te manque » (Marc 10 : 21) a dit le Seigneur au jeune homme riche.
David a dit :
« J’ai demandé une chose à l’Eternel, je la rechercherai : c’est que j’habite dans la maison de l’Eternel tous les jours de ma vie… » (Ps. 27 : 4).
« Je fais une chose… Je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3 : 14).
Marie a appris, aux pieds du Seigneur, le service qu’elle seule a su et pu accomplir avant Sa mort : Lui offrir le parfum - l’adorer. Marie de Magdala, dans un sens, est arrivée trop tard…
Marthe a placé le service avant Celui qu’elle servait. C’est une disposition fréquente. Marie ne se justifie pas, mais le Sei-gneur l’approuve. Il ne faudrait pas en conclure que l’activité est répréhensible ; elle a sa place, dans sa mesure, en son temps et dans la dépendance de ce que le Seigneur nous ac-corde de discerner.
Combien facilement on considère comme superflu le temps passé à l’écoute, l’étude de la Parole, alors que, dit-on, il y a tant de choses à faire ! Que d’incompréhension à cet égard (vous passez des heures, des jours à étudier, au lieu d’évangéliser, d’œuvrer…). Ce qui est prioritaire n’exclut, n’annule en aucun cas ce qui doit en résulter. L’activité est le fruit de ce que l’on a premièrement cultivé.
III. MARIE OINT JESUS (Matt. 26 : 6-13 ; Marc 14 : 3-9 ; Jean 12 : 1-8)
L’acte de Marie offrant le parfum résulte de son intimité avec le Seigneur, de L’avoir écouté. Elle seule a discerné le moment qui convenait pour l’accomplir. Personne d’autre n’a compris pourquoi elle l’a fait. Le Seigneur l’a recueilli et a su l’apprécier divinement.
Le nard, l’un des douze parfums mentionnés dans la Parole, ne fait pas partie de l’onction sainte ni de l’encens composé du sanctuaire, mentionnés en Exode 30. Le nard est l’expression de l’adoration personnelle (voir Cant. 1 : 3, 12).
Selon Matthieu 20 : 2-13 (un denier par jour), l’offrande de Marie représente le salaire d’une année ! Marie offre tout ce qu’elle a pendant que Judas le traître vend le Seigneur pour trente pièces d’argent. La nature et la valeur d’un don tradui-sent l’appréciation qu’a le donateur de la personne à laquelle il l’offre. Qu’offrons-nous au Seigneur de notre temps, de nos choix, de nos facultés ? Est-ce peut-être seulement le « reste » de nos vies, de notre énergie, de notre temps (une « bête ma-lade », selon Malachie) ?
Il y a un moment pour offrir. Les femmes venues au sé-pulcre avec des aromates préparés de tout leur cœur, sont arrivées trop tard. Nous avons à répondre au désir du Seigneur de se souvenir de Lui, jusqu’à ce qu'Il vienne (1 Cor. 11 : 26).
On ne peut parler que d’une personne connue, aimée et dans la compagnie de laquelle on a vécu. Que peut-on dire du Seigneur à son Père ? Le thème essentiel de l’adoration est celui-ci : « Vous raconterez à mon père toute ma gloire » (Gen. 45 : 13a).
L’adoration est le seul service qui nous occupera dans la gloire céleste. La prière et l’enseignement n’y auront plus leur place.
Beaucoup de croyants sont plus zélés pour accomplir des œuvres louables à l’égard des hommes, que d’apporter la louange, l’adoration à Dieu, ce que le Père cherche (Jean 4).
Remarquons que le vase est plein lorsque Marie vient vers le Seigneur : « On ne paraîtra pas à vide devant ma face » (Deut. 16 : 16 ; Ex. 34 : 20). David a tout préparé, de toute sa force, pour la maison de l’Eternel (1 Chr. 29). Le cœur des Corites bouillonnait de bonnes paroles (Ps. 45 : 1), pour dire la beauté de Celui dont ils expérimentaient la grâce. Nos cœurs sont-ils remplis à l’heure du culte ? Si tel était le cas, il y aurait moins de silences, plus de spontanéité.
Quel contraste entre Marie, adoratrice, et Judas, négociant le prix auquel il est disposé à livrer le Seigneur !
« A quoi bon cette perte ? ». Quelle appréciation offensante envers le Seigneur, Objet du don ! Et pourtant, l’Ennemi a su bannir de la chrétienté, et même de la vie de beaucoup de croyants, la pensée de l’adoration, du culte rendu à Dieu qui cherche des adorateurs. L’ennemi s’est toujours acharné à sup-primer, même d’une vie religieuse, l’adoration rendue à Celui qui L’a vaincu.
Le Seigneur bande la blessure faite au cœur de Marie, mais ne répond pas à l’outrage qui Lui est adressé. Les bonnes œuvres sont celles qui ont Christ pour objet : « elle a fait une bonne œuvre envers moi ».
Le Seigneur sauvegarde la mémoire de cette femme. Son acte sera proclamé par la prédication de l’évangile universel.
L’onction de son corps en vue de sa mise au tombeau souligne magnifiquement le soin que Dieu prend toujours d’honorer son Fils, en réponse au mépris de la part des hommes.
« Ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait ». Le Seigneur ne demande pas ce qui dépasse notre mesure, mais la remplit-on ?
L’odeur du parfum réjouit son cœur et remplit la maison. Il en est de même lors de l’adoration, notamment au culte. L’essence du parfum, c’est Christ. Son nom est un « parfum répandu ».
Remarquons que Marie ne dit pas une parole (contraste avec Deut. 26 ; 1 Chr. 29 et Ps. 45). Le langage de l’adoration, c’est le parfum.
Précisons que le croyant peut adorer seul, à titre individuel alors que le culte est toujours collectif (voir la différence entre le Ps. 45 : 11 et Phil. 3 : 3).
Cette troisième scène préfigure donc l’adoration.
Dans la première scène, la prière aux pieds du Seigneur, il n'y a pas d’opposition. On est dans la détresse, chacun éprouve le besoin de s’adresser au Seigneur.
Dans la seconde, l’édification, il y a l’incompréhension, voire le mépris.
Dans la troisième scène, l’adoration, c’est l’opposition ouverte.
Ces trois circonstances illustrent les trois réunions d’assemblée : prière, édification et adoration collective (culte).