Summary: Il est bon de jeter un coup d'œil rétrospectif sur tout ce que le Seigneur a fait pour nous depuis que nous l'avons rencontré

LA VIE ABONDANTE

Deutéronome 31.30 (LSG) Moïse prononça dans leur en-tier les paroles de ce cantique, en présence de toute l'assemblée d'Israël :

Deutéronome 32.9-11 (LSG) Car la portion de l'Éternel, c'est son peuple, Jacob est la part de son héritage. Il l'a trouvé dans une contrée déserte, Dans une solitude aux effroyables hurlements ; Il l'a entouré, il en a pris soin, Il l'a gardé comme la prunelle de son œil, 11 Pareil à l'aigle qui éveille sa couvée, Voltige sur ses petits, Déploie ses ailes, les prend, Les porte sur ses plumes.

INTRODUCTION

Michel-Ange foulait un jour le sol d'une carrière lorsqu'il aper-çut parmi d'autres pierres un bloc de marbre.

– Apportez cet ange dans mon atelier ! ordonna le maître sculp-teur à l'un de ceux qui l'accompagnaient.

– Mais quel ange ? s'étonna l'homme. Le maître voyait déjà dans la masse informe qui était à ses pieds l'œuvre d'art qu'il allait en tirer.

De même, lorsque Dieu a conduit le peuple d'Israël hors d'Égypte, il voyait déjà en lui un instrument-clé pour la béné-diction des nations. Et pour ce qui nous concerne, avant que nous n'ayons fait le moindre pas dans la direction du Seigneur, il nous avait choisis, et il avait déjà élaboré son plan d'amour et de grâce à notre égard; non seulement il nous avait destinés à être enfants de Dieu, mais il nous avait élus comme servi-teurs et servantes ici-bas, avant que dans la gloire nous soyons des chantres pour le louer éternellement; une perspective qui devrait profondément nous réjouir !

Il est bon de jeter un coup d'œil rétrospectif sur tout ce que le Seigneur a fait pour nous depuis que nous l'avons rencontré.

Le prophète exhortait les Israélites en ces termes :

« Portez les regards sur le rocher d'où vous avez été tail-lés, sur le creux de la fosse d'où vous avez été tirés » (Esaïe 51.1).

Moïse quant à lui avait la même préoccupation lorsqu'il en-tonna le dernier des trois cantiques composés au cours de sa vie (Exode 15, Psaume 90 et Deutéronome 32). En rappe-lant le souvenir des délivrances du passé, il entendait motiver les générations montantes dans leur recherche de Dieu, afin qu'elles lui demeurent fidèles.

I. IL A TROUVE JACOB

Dans le merveilleux cantique de Deutéronome 32, certains fragments de strophes sont propres à nous encourager. D'abord les versets 9 et 10 où Dieu parle de Jacob : IL L'A TROU-VÉ dans une contrée déserte, dans une solitude aux effroyables hurlements (v. 10a).

Innombrables sont ceux qui, aujourd'hui, errent dans la con-trée déserte de la perdition éternelle ; nos proches, nos voisins, nos collègues de travail tâtonnent dans la « solitude aux ef-froyables hurlements » d'une vie angoissante, parce que Dieu en est absent. Mais le Seigneur Jésus s'est tourné vers nous ; il s'est révélé à nous ; il nous a trouvés ; il nous a choisis ; il nous a appelés.

Jamais ici-bas nous ne mesurerons

l'ampleur de la grâce dont nous sommes les bénéficiaires.

Pourquoi nous et pas d'autres ? Pourquoi moi ? Pourquoi ? Parce que le Seigneur nous a trouvés. Et pour nous trouver, il a fallu qu'il nous cherche :

« Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5.8).

II. DIEU A ENTOURE JACOB

Dieu n'avait pas seulement trouvé Jacob. Dans son cantique Moïse enchaîne par la phrase, toujours v. 10 : IL L'A EN-TOURÉ.

Dès son origine, Israël a été l'objet des sollicitudes de son Dieu. Lorsque Abraham sortit d'Ur en Chaldée, Dieu prodiguait déjà ses soins au peuple élu. Il a dirigé le patriarche vers le pays promis ; il lui accorda un fils ; il conduisit sa postérité avant de l'envoyer en Égypte puis de l'en faire remonter ; et au cours des quarante années passées dans la péninsule du Sinaï, chaque jour l'Éternel entourait son peuple, faisant vivre ces 2 millions de personnes d'une succession de miracles et leur ac-cordant la nourriture du ciel.

C'est bien ce que Moïse rappelle avec ferveur :

Il l'a entouré, il en a pris soin,

Il l'a gardé comme la prunelle de son OEIL,

Pareil à l'AIGLE qui éveille sa couvée,

Voltige sur ses petits,

Déploie ses ailes, les prend,

Les porte sur ses plumes (v. 10b-11).

Ici interviennent deux images bien évocatrices des soins du Seigneur envers Israël, comme envers chacun de nous :

D'abord celle de l'œil :

Aucune autre partie de notre corps n'est aussi bien protégée que l'œil. Le Créateur l'a disposé de telle manière que, par un réflexe instinctif et souvent inconscient, notre paupière s'abaisse automatiquement au moindre assaut, que ce soit l'irruption d'un grain de poussière ou l'insupportable éclat des grands phares d'une voiture. Nous ne pensons pas à protéger notre œil, mais la nature le fait pour nous. Or ce que le Créa-teur a prévu pour notre œil, le Rédempteur l'accomplit pour notre vie. Au moindre danger - de la menace la plus insigni-fiante jusqu'aux attaques impitoyables de notre adversaire - une protection immédiate nous est assurée en et par celui qui nous chérit autant que la prunelle de son œil.

L'Éternel avait promis à Israël :

« Celui qui vous touche, touche la prunelle de son œil » (Zacharie 2.8).

Or si Dieu est capable de protéger tout un peuple comme la prunelle de son œil - une protection souveraine bien souvent manifestée dans l'histoire - il peut en faire autant pour chacun de nous.

Menacé par Saül, David priait en connaissance de cause :

« Garde moi comme la prunelle de l'œil » (Psaume 17.8).

Sommes-nous conscients des multiples occasions où, sur l'auto-route ou sur le chemin de l'existence, nous avons été gardés « comme la prunelle de son œil » ?

Après l'image de l'œil, celle de l'Aigle, non moins sugges-tive.

Comme tous les oiseaux, l'aigle prend un soin jaloux de sa pro-géniture ; de son unique petit, s'il s'agit du majestueux aigle royal qui atteint jusqu'à deux mètres d'envergure et qui par-fois survole les vallées de nos Alpes.

Procédé propre à la famille des aigles évoqué à deux reprises par Moïse le psalmiste :

L'aigle... voltige sur ses petits, Déploie ses ailes, les prend, Les porte sur ses plumes (v. 11).

Tu diras aux enfants d'Israël : ... je vous ai portés sur des ailes d'aigle et amenés vers moi (Exode 19.3-4).

Vous sentez-vous fatigué et faible, limité et incapable, craintif et angoissé devant les impondérables que nous réserve l'avenir ? Votre santé, votre vie professionnelle, vos responsabilités familiales ou autres vous causent-elles des inquiétudes ?

Prenez donc la place de l'aiglon.

Pourquoi vous porter vous-même alors que vous pouvez être porté ? Pourquoi redoubler d'efforts, alors que le Seigneur veut agir pour vous ? Pourquoi vous épuiser à lutter dans l'élan na-turel de vos forces propres, alors que les ailes majestueuses de l'Aigle souverain se déploient déjà au-dessous de vous ? Ah ! notre orgueilleux ego n'aime pas se laisser porter par un autre ; mais en s'agitant jusqu'à épuisement, ne va-t-il pas de ma-nière irréversible vers l'échec et la chute ?

Aujourd'hui, l'Église de Christ connaît des temps périlleux. Dans le monde occidental, la vie facile, l'humanisme et les fausses doctrines se liguent pour neutraliser sa vie spirituelle. De surcroît, les Églises évangéliques n'échappent pas à une période de crise, plus spirituelle qu'organique il est vrai. Et comme croyants appartenant au corps de Christ, je subis, nous subissons des phases de tensions et d'épreuve de notre foi.

III. DIEU A FAIT MONTER JACOB

Et maintenant troisième étape dans les soins du Seigneur en-vers Jacob, telle qu'elle est évoquée dans ce cantique de Moïse : IL L'A FAIT MONTER sur les hauteurs du pays (v. 13).

Après l'illustration de l'aigle, celle de l'ascension vers les hauteurs du pays, c'est-à-dire vers la réalisation des promesses divines. Bien que Moïse ait composé ce cantique avant l'entrée en Canaan, il a énuméré au temps passé les bé-nédictions qui attendaient Israël sur le chemin de l'obéissance, tant elles étaient évidentes à ses yeux.

N'était-ce pas là l'expression de la foi véritable qui

« Est une ferme assurance des choses qu'on espère, une démonstration de celles qu'on ne voit pas » (Hébreux 11.1) ?

Une foi qui, hélas, nous fait souvent défaut puisque nous ne vivons que sporadiquement des réalités invisibles et éternelles (2 Corinthiens 4.18) ; mais une foi qui cependant devrait con-ditionner nos faits et gestes, nos décisions, notre vie de prière et notre vocation ici-bas.

La foi de Moïse en faveur d'Israël vivait de ce qu'elle ne voyait pas encore, un peu comme le pilote d'un supersonique avance en plein brouillard jusqu'à ce qu'il retrouve l'azur du ciel. La foi de Moïse était désintéressée puisqu'il savait qu'il n'entre-rait pas lui-même dans le pays promis.

Cependant elle était conquérante puisqu'elle décrivait à l'avance la prospérité dont Israël jouirait en Canaan :

1. Il lui a fait sucer le miel du rocher,

2. Israël a mangé les fruits des champs ;

3. L'huile qui sort du rocher le plus dur,

4. La crème des vaches et le lait des brebis,

5. Avec la graisse des agneaux, Des béliers de Basan et des boucs,

6. Avec la fleur du froment ;

7. Et tu as bu le sang du raisin, le vin (v. 13-14).

Je ne sais pas à quelle bénédiction Moïse faisait allusion lors-qu'il parlait du miel du rocher, et s'il prophétisait la décou-verte d'un gisement de pétrole en évoquant l'huile du rocher. Mais sans doute la pleine réalisation de ces sept promesses terrestres appartient-elle encore à l'avenir, et se démontrera-t-elle dans l'environnement merveilleux du règne messianique, lorsque Christ reviendra.

Cependant au-delà de l'accomplissement littéral de ces pro-messes, nous pouvons nous les approprier pour la conquête spirituelle de notre Canaan. Nos vies ont-elles glorifié Dieu par des fruits jusqu'ici ?

Pendant les quarante ans qu'ont duré leurs pérégrinations au désert, les Israélites n'avaient probablement pas mangé de fruits ; ils avaient seulement vu les prémices du pays promis sous la forme de raisins, de figues et de grenades (cp. Nombres 13.23). A notre tour, passons du désert aux vignobles, des plaines rocailleuses aux vergers, et recueillons les fruits que le Seigneur nous a promis ! (Jean 15.16)

Moïse, n'a jamais parlé d'un territoire sans pierrailles, il a an-noncé la présence des rochers ; mais des rochers d'où le miel suinte et d'où l'huile coule. N'y a-t-il pas là un merveilleux se-cret pour nous encourager au sein de nos épreuves quoti-diennes ? La vie chrétienne ressemble à un chemin rocailleux, oui. Cependant entre les blocs de pierre sont cachés des rayons de miel, symboles de la douceur de Christ qui balaie nos ran-cunes et transforme nos relations ; et des anfractuosités de ro-chers coule l'huile, cette huile sainte de l'Esprit de Dieu qui nous assure communion avec Christ. En d'autres termes, les difficultés de notre marche chrétienne sont permises pour que nos caractères s'adoucissent et que l'œuvre du Saint-Esprit s'opère en nous.

Après les fruits, le miel et l'huile, la crème, le lait et la graisse des béliers. Autant de symboles de l'abondance et de la bénédiction divines réservées aux douze tribus en Canaan. C'est vrai, le « pays où coulent le lait et le miel » (Exode 3.8) connaît déjà aujourd'hui quelque chose de l'accomplisse-ment de cette prophétie, puisque, technicité aidant, le rende-ment des vaches traites trois fois par jour y est l'un des plus élevés de la Planète.

Mais nous avons aussi notre « pays où coulent le lait et le miel ». Le Seigneur est venu pour nous donner la vie en abondance (cp. Jean 10.10) ; une abondance qui n'a rien à voir avec la pro-lifération des biens dont regorge notre société de consomma-tion, puisqu'elle concerne essentiellement notre vie spirituelle. Que de fois nous nous contentons d'une vie de prière ra-chitique, d'une marche chrétienne boiteuse ou d'un té-moignage hésitant, alors que le Seigneur ambitionne tout autre chose pour nous.

Le Nouveau Testament ne nous propose-t-il pas un niveau net-tement supérieur lorsqu'il évoque l'abondance de la grâce (Romains 5.17), la plénitude de la foi (Hébreux 10.22) ou les richesses incompréhensibles de Christ (Éphésiens 3.8), toutes mises à la disposition des croyants ?

Or ces dons parfaits sont à notre portée... dans la me-sure où notre volonté capitule devant la croix de Christ ; et si nous acceptons les souffrances de Christ dans notre expé-rience quotidienne, nous parviendrons aussi à la résurrection, c'est-à-dire à une nouvelle vie avec Christ (Philippiens 3.10-11).

Des conditions péremptoires donc, qui nous feront entrer dans ce que le Seigneur a de meilleur pour chacun de nous ; ce qui est évoqué de manière suggestive à la fin de cette même strophe de Deutéronome 32 : la fleur du froment et le sang du raisin. Deux images que le Seigneur utilisera à son tour en s'adressant à ses disciples : comme le grain de blé a dû tom-ber en terre et mourir avant de porter du fruit (Jean 12.24), et comme le sarment doit être émondé par le sécateur du divin vigneron pour le rendre plus productif (Jean 15.1-6), il faut de même que l'enfant de Dieu accepte de renoncer à lui-même et de souffrir s'il veut glorifier son Seigneur en portant du fruit.

Dans ce cantique de Deutéronome 32, Moïse s'exprime en pa-raboles. Pourquoi ? Dans l'Écriture, le langage des para-boles appartient toujours à un temps d'apostasie et d'incrédulité. Or Israël glissait déjà sur la pente de l'infidéli-té et de l'oubli de Dieu. Preuve en sont les mots qui suivent au v. 15 : « Israël est devenu gras, et il a regimbé. »

Dans le Nouveau Testament, le Seigneur s'est également ex-primé en paraboles lorsqu'il a voulu marquer ses distances d'avec les chefs religieux qui l'avaient rejeté ; mais en particu-lier, il expliquait tout à ses disciples, des disciples qui avaient « des yeux pour voir et des oreilles pour entendre » (Mat-thieu 13.1-17).

Qu'il nous accorde à notre tour ces oreilles attentives qui percevront le message divin, et que nos yeux s'ouvrent sur la personne de notre bien-aimé Sauveur lorsqu'il nous parle. Et si parfois le Seigneur a besoin de métaphores pour nous faire comprendre certaines vérités bibliques, il se révèle aussi en langage clair, en appels précis, en promesses con-crètes.

CONCLUSION

C'est pourquoi, au-delà de l'œil ou de l'aigle, du fruit ou du miel, de la crème ou du lait, de la graisse des agneaux, de la fleur du froment ou du sang des raisins, discernons le langage de grâce et d'amour par lequel notre Maître nous montre sa fi-délité indéfectible, ses plans de grâce en notre faveur, ses pro-messes de bénédiction... et qu'il puisse nous trouver, nous en-tourer et nous faire monter...